André , LeBlanc

Analyse critique du rôle de l'Église. Entre l'engagement social à côté des pauvres et la passivité complice au profit des classes privilégiées

Plusieurs pays latino-américains

Conscientisation et débats internes

Libération (théologie de la / projets de, etc.)

- Page(s) 3 «C'est la dureté de leur existence qui pousse des chrétiens à s'engager en grand nombre. Dès qu'on a dépassé une approche fataliste de la vie et qu'on a compris que la pauvreté n'est pas une éprouve imposée par Dieu mais un mal causé par des hommes, on refuse la résignation comme attitude chrétienne fondamentale. On passe donc à l'engagement non par manipulation idéologique externe, mais par la découvert de l'incompatibilité de la situation présente avec le projet de Dieu.»

- Page(s) 3 «Prenons d'abord le COSTA RICA [...] Église [...] peu innovatrice, peu prophétique, peu militante, peu ouvert à d'autres modèles que le sien.[...]. Tout autre est la situation au NICARAGUA où les chrétiens tendent à se radicaliser en deux tendances. D'un côté il y a ceux qui participent à la révolution; leur charte se trouve dans la lettre pastorale de novembre 1979 qui reconnaît le socialisme comme projet correct pour une nouvelle patrie et l'engagement comme lieu de vérification de la foi. De l'autre, il y a les adversaires de la révolution qui, eux, ont trouvé leur charte dans une autre lettre pastorale, écrit un an plus tard, où l'on parle d'athéisme, de "cubanisation", etc. Si les pasteurs passent ainsi de la confiance à la méfiance, de l'attente à l'attaque, c'est à cause de pressions du CELAM, mais c'est dû également à la personnalité des évêques étroitement liés aux éléments frustrés de la bourgeoisie. [...]. Des prêtres et des religieuses de l'Église populaire continuent à être congédiés, et leur remplaçants ne reconnaissent plus les catéchètes engagés dans la révolution, tandis que des communautés de base sont boycottées.»

- Page(s) 3 «Parler de la présence des chrétiens d'Amérique centrale dans l'actuelle démarche de libération de leurs peuples c'est aborder une réalité extrêmement complexe. Avant de s'y hasarder, il importe de signaler deux pièges qui menacent toute parole sur l'engagement de ces hommes et de ces femmes dont la foi nous interpelle. Il ya d'une part des "témoignages" qui passent vite à l'idéalisation de la situation et à la généralisation de l'engagement pour la justice. Contre cette tendance, plus proche de la propagande que de l'objectivité, qu'il suffise de rappeler le passage du document final de Puebla où, se livrant à l'autocritique, les évêques reconnaissent qu'ils ne sont pas tous suffisamment engagés du côté des pauvres, ni préoccupés de leur sort. La déception n'est pas dans l'aveu lui-même, mais dans le fait qu'il reste vrai quatre ans plus tard. En Amérique centrale et ailleurs, des évêques et des prêtres ne marchent pas avec le peuple des pauvres; leur voix est de moins en moins reconnue par leur "brebis" et ils risquent de devenir des pasteur sans troupeau. Ce faisant, ils donnent presque raison à ceux qui voient l'Église comme une alliée inconditionnelle des classes privilégiées. Les pauvres se posent des questions angoissées. D'autres, au contraire, sous-estiment et réduisent au minimum la présence de ces chrétiens à leur histoire. On reconnaît ici un des préjugés tenaces véhiculés surtout par une certaine gauche docile aux leçons venues d'ailleurs et limitant le christianisme au domaine de la conscience privée. Penser encore ainsi c'est faire preuve d'un manque d'esprit scientifique et d'une méconnaissance de la réalité centroaméricaine. Au Nicaragua, par exemple, les dirigeants sandinistes aussi bien que les évêques ont reconnu le caractère massif de la participation des chrétiens à l'insurrection populaire et la qualité de leur motivation. On est loin d'un christianisme de nature spiritualiste et intimiste. [...]»