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Panafricanisme . [Projet Panafricanisme (FQRSC 2009-2013)].

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Panafricanisme
Projet Panafricanisme (FQRSC 2009-2013)

Au 9ème sommet panafricain de juillet 2007, les chefs d’États africains réunis à Accra (Ghana), constatent à nouveau leurs divergences quant à la démarche à adopter pour atteindre l’unité africaine. L’unification totale, censée donner à l’Afrique les moyens de surmonter ses conflits et de conquérir une place sur la scène mondiale reste ainsi une source de clivages chroniques dans l’Afrique postcoloniale (Lecoutre, 2007). Plus qu’une simple joute diplomatique, les antagonismes portent en réalité sur l’identité à donner à l’Afrique. Depuis ses origines au milieu des années 50, cette recherche d’unité, jugée indispensable pour le continent, s’avère pourtant difficilement réalisable. Notre présent projet de recherche intitulé L’Afrique postcoloniale en quête d’unité et de stabilité (1957-2007) se propose donc d’étudier deux enjeux essentiels de l’Afrique contemporaine à savoir le projet d’États-Unis d’Afrique et la gestion des conflits frontaliers. À la fin du XIXème siècle, les puissances coloniales européennes avaient procédé à la conquête et au partage de l’Afrique. En dépit d’une durée relativement courte (1860-1960), l’impérialisme colonial, basé sur une domination politique, culturelle et économique de l’Europe, aura marqué de façon indélébile l’Afrique et les Africains (Dramé, 2007).

 

En effet, la partition du continent s’est opérée sans tenir compte de ses spécificités socio-économiques ; ce furent plutôt les intérêts et les rapports de force militaire et diplomatique des puissances européennes - sur le terrain - qui importaient le plus. Alors que l’Europe avait mis plusieurs siècles à se donner des frontières définitives, en Afrique, le même processus d’horogenèse ou d’implantation des frontières s’était effectué sur une durée très courte : entre 1880 et 1914. La formation d’empires coloniaux, matérialisée par l’érection de frontières artificielles, amena un cloisonnement géographique et culturel qui devait présider à une multitude d’identités africaines (Broch-Due, 2005). Cet ordre colonial sera toutefois remis en cause à partir des années 1950. En effet, la condamnation du colonialisme au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale ainsi que la pression de la demande nationaliste et indépendantiste permirent à l’Afrique d’accéder à sa dé-colonisation. Dans la dynamique culturelle et politique qui marqua les Sixties, l’accession à l’indépendance s’accompagna d’un bouillonnement politique, intellectuel et idéologique sans précédent. L’objectif affirmé par les pères de l’indépendance était alors d’exorciser les méfaits du colonialisme et d’atteindre le développement économique et social suivant un modèle idéologique approprié (Benot, 1969). Dans un tel contexte, par ailleurs marqué par la guerre froide, le panafricanisme comme idéologie d’unification de l’Afrique revêtit une importance cruciale et reçut l’adhésion des intellectuels et des leaders politiques. Or, si l’unanimité s’était faite autour de la nécessité d’unifier l’Afrique, des divergences fondamentales apparurent quant aux voies et moyens d’y parvenir. Les décennies qui ont suivi les indépendances furent ainsi celles des divisions, des méfiances et des désillusions quant au projet d’intégration panafricaine (M’Bokolo, 2004). La création de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) en 1963 à Addis-Abeba se fit, en conséquence, sur la base de la prééminence de l’idée d’une « Afrique des États-nations » et au détriment du projet « d’États-Unis d’Afrique » défendu par des leaders charismatiques dits radicaux tels le Ghanéen N’Krumah, le Tanzanien Nyerere, et le Sénégalais Diop (Amate, 1986). Ainsi, le principe de « l’intangibilité des frontières », énoncé par la charte de l’OUA, répond au souci du bloc des pays africains « modérés » de ne pas céder une partie ou la totalité de leur souveraineté nouvellement acquise dans le cadre d’un projet d’État fédéral (Bâh, 2006). L’affirmation solennelle du principe d’intangibilité n’avait cependant pas permis de parvenir à l’objectif de stabilité territoriale. L’OUA devenue symbole d’une Afrique indépendante et morcelée fut, en effet une tribune diplomatique dans laquelle se sont amorcées des tentatives de résolution des litiges territoriaux. Cet ensemble de faits historiques montre avec pertinence que l’idéal d’unification et la gestion des conflits frontaliers sont deux angles fondamentaux pour observer la construction identitaire, le processus de maturation de l’idée d’États-nations et enfin pour mesurer le poids et l’influence de l’OUA dans les conflits. Au moment où se pose avec force la question de la « renaissance » africaine, il est essentiel de relire la pertinence du panafricanisme par rapport aux enjeux de développement. Cette étude se veut, d’une part, une contribution au débat sur le devenir du panafricanisme dans le but d’éviter les erreurs du passé. Elle entend, d’autre part contribuer, à combler les lacunes d’une historiographie qui n’a pas tenu compte des forces profondes qui structurent l’idéal panafricain.

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