Il apparaît comme l'un des premiers à effectuer une percée auprès du large public et comme un pionnier du roman populaire canadien-français. On dit qu'il a jeté les bases d'une littérature industrielle au Canada français. Il réédite aussi des textes du répertoire, publie des titres de jeunes écrivains et lance des ouvrages dans le domaine du livre pratique. On peut dire qu'il s'inscrit dans deux circuits: celui d'éditeur de littérature populaire et celui d'éditeur de la sphère restreinte.\r\nVers 1922, il rencontre Jules-Ernest Larivière, qui est à la recherche d'un éditeur. Garand prend la décision d'éditer le premier roman de Larivière après avoir lui-même effectué lui-même plusieurs démarches infructueuses auprès de maisons d'édition. Il s'agit de l'amorce d'un projet éditorial bien orchestré. Dès l'année de sa fondation, en 1923, il lance 8 titres dans la collection intitulée "Le Roman canadien".\r\nGarand offre à ses lecteurs des romans populaires inédits. Avec sa collection, il cherche surtout à satisfaire les besoins du grand public. Tout apparente "Le Roman canadien" aux séries commerciales les plus en vogue.\r\nIl recrute parfois des auteurs parmi ses lecteurs fidèles et plusieurs d'entre eux habitent en région.\r\nEn introduisant cette formule éditoriale au Québec, Garand occupe un marché encore peu encombré. En dehors du monde des périodiques, il est le seul éditeur des années 1920 à offrir une production autochtone de cette nature aussi abondante et avec régularité. \r\nEn 1925, Eugène Achard parle à propos de Garand d'un éditeur "dont la vogue est considérable". L'augmentation des tirages appuie cette assertion. Cette réussite, qui a peu d'équivalents à l'époque, repose sur une stratégie de distribution tous azimuts. Garand vend ses publications en librairie, par abonnement, en lots au gouvernement, en place dans les dépôts de presse et se sert enfin du réseau personnel de ses auteurs, surtout dans le cas des titres qui ne font pas partie du circuit populaire et des auteurs qui habitent en région.\r\nGarand écoule également une partie de ses tirages au Département de l'Instruction publique.\r\nIl atteint le public populaire en vendant dans les petits commerces, débits de tabac et kiosques à journaux.\r\nDe 1923 à 1928, Garand affiche une productivité sans cesse croissante.\r\nGarand s'occupe de théâtre, combinant à la fois intérêt commercial et propagande nationaliste. Il fonde la collection "Le Théâtre canadien", qui deviendra bientôt la collection la plus importante de l'éditeur avec 24 nouveaux titres lancés entre 1928 et 1931, et présente des pièces adaptées de romans qu'il publie.\r\nSeul à la barre de son entreprise qui prend sans cesse de l'expansion et étend ses activités dans divers domaines, Garand s'entoure d'une petite équipe de collaborateurs. Un comité de lecture formé de trois membres reçoit, évalue et choisit les manuscrits. Chaque parution doit s'inscrire dans le programme idéologique de la maison visant à instaurer "une édition canadienne de romans canadiens, écrits pour des Canadiens par des Canadiens et imprimés au Canada par des Canadiens". Toutefois, ce patriotisme éditorial ne devait pas entrer en conflit avec la rentabilité commerciale, qui demeure le premier objectif de l'éditeur.\r\nIl caresse le désir de fonder une revue d'envergure à partir du supplément "La Vie canadienne" inséré dans les romans de la collection "Le Roman canadien", mais ce projet ne voit pas le jour.\r\nHomme d'affaires avant tout, Garand signe des contrats où sont prévues des rétributions qui varient d'un auteur à l'autre. Il veut offrir l'image d'un éditeur attentif aux besoins des écrivains canadiens-français, réduits le plus souvent, faute d'éditeurs consciencieux, à défrayer en tout ou en partie le coût de leurs publications. Dans les faits, seuls les auteurs du "Roman canadien" et quelques écrivains de réputation sont effectivement rétribués; les autres sont payés en nature avec une partie du tirage.\r\nLorsqu'il y a rémunération, Garand paie 50$ pour chaque manuscrit, l'éditeur demeurant ainsi propriétaire de la totalité des droits.\r\nAprès être devenues l'un des grands succès de l'industrie dans la seconde moitié des années 1920, les Éditions Édouard Garand vont rapidement décliner et presque disparaître au début des années 1930 en raison de la Crise de 1929, mais aussi à cause de l'absence de relève. En 1930, il crée la collection "De la garde-malade". \r\nIl se dirige vers d'autres champs de production plus rentables: l'industrie du spectacle et du cinéma devient l'un de ses domaines de prédilection. De 1935 à 1937, il est propriétaire et directeur du "Courrier du cinéma".\r\nEn 1937, il publie 3 titres après une interruption de 3 ans.\r\nIl fait paraître une revue intitulée "Romans détectives": ce nouveau projet consiste à publier des traductions de grands romans policiers, de romans détectives et d'espionnage d'origine américaine ou anglaise.\r\nEn 1943, Garand reprend du service et relance "Le Roman canadien" avec Ubald Paquin. De 1943 à 1948, il publie 14 titres. Son attention est surtout tournée vers les réimpressions de collections de romans policiers et d'aventures et la vente de livres à l'étranger. Il tente d'ontenir des contrats d'achat auprès de distributeurs et de libraires étrangers. Il essaie de pénétrer dans divers réseaux d'exportation et entre en contact avec le ministère des Affaires extérieures. Il s'intéresse au marché de l'Amérique du Sud.\r\nIl adopte les stratégies d'un éditeur professionnel en rémunérant ses auteurs, en s'assurant des services d'un comité de lecture, en multipliant les réseaux de distribution et en faisant de la réclame.
Garand ne perd pas une occasion d'étendre ses activités commerciales. À partir de 1924, il effectue différents travaux d'impression pour des individus et des collectivités. Il peut ainsi acquérir une imprimerie un an seulement après la fondation de la maison, ce qui lui donne un meilleur contrôle sur sa production et la possibilité d'accepter des contrats de l'extérieur. C'est ainsi qu'il devient l'imprimeur et l'éditeur du "Bulletin de l'Association des anciens élèves du Collège de Montréal" (1923-1941), des programmes et la revue dramatique "La Lucarne" (1924), du "Montagnard" (1925-1927), du "Canada qui chante" (1927-1930) et de la revue "Opinions" (1929-1934), fondée par Jean Bruchési. Sous le nom de la Compagnie canadienne nationale de publication, Garand imprime l'"Album des églises de la province de Québec" (1928-1924), l'"Album des maisons d'éducation de la province de Québec" (1930-1931), "Le Miroir" (1929-1933), le journal format tabloïd, et de nombreux bulletins paroissiaux et programmes de concert.\r\nIl accepte à l'occasion de publier à compte d'auteur: "Pour un auteur qui veut imprimer lui-même à ses risques et périls, écrit-il, je fais des travaux d'impression à des conditions très avantageuses, et je fais crédit à l'auteur."